Don Quichotte: dernier roman de chevalerie ou premier roman moderne?



Texte : Extrait du chapitre premier du roman de Cervantès, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, 1605.

Etudes critiques :
  • Michel Foucault, Les Mots et les Choses, 1966.
  • Pierre Brunel, « Don Quichotte » et le roman malgré lui, 2006 : « Du roman au mythe : Don Quichotte, un gueux et un preux ».
  • Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman : « Le Don Quichotte est sans doute le premier roman "moderne", si on entend par modernité le mouvement d'une littérature qui, perpétuellement en quête d'elle-même, s'interroge, se met en cause, fait de ses doutes et de sa foi à l'égard de son propre message le sujet même de ses récits »

Analyse.

Notion : Le roman picaresque.


Texte 1 : Extrait du roman de Miguel CERVANTES (1547-1616), L’Ingénieux Don Quichotte de la Manche (1605).


Le héros est un hidalgo (un gentilhomme) frisant la cinquantaine, qui habite une bourgade de la Manche, au centre de l’Espagne, et qui s’est pris de passion pour la lecture des romans de chevalerie.

Enfin, notre hidalgo s’acharna tellement à sa lecture, que ses nuits se passaient en lisant du soir au matin, et ses jours, du matin au soir. Si bien qu’à force de dormir peu et de lire beaucoup, il se dessécha le cerveau, de manière qu’il vint à perdre l’esprit. Son imagination se remplit de tout ce qu’il avait lu dans les livres, enchantements, querelles, défis, batailles, blessures, galanteries, amours, tempêtes et extravagances impossibles ; et il se fourra si bien dans la tête que tout ce magasin d’inventions rêvées était la vérité pure, qu’il n’y eut pour lui nulle autre histoire plus certaine dans le monde. Il disait que le Cid Ruy Diaz[1] avait sans doute été bon chevalier, mais qu’il n’approchait pas du chevalier de l’Ardente-Épée, lequel, d’un seul revers, avait coupé par la moitié deux farouches et démesurés géants. Il faisait plus de cas de Bernard del Carpio[2], parce que, dans la gorge de Roncevaux, il avait mis à mort Roland l’enchanté, s’aidant de l’adresse d’Hercule quand il étouffa Antée, le fils de la Terre, entre ses bras. Il disait grand bien du géant Morgant[3], qui, bien qu’issu de cette race géante, où tous sont arrogants et discourtois, était lui seul affable et bien élevé. Mais celui qu’il préférait à tous les autres, c’était Renaud de Montauban[4], surtout quand il le voyait sortir de son château, et détrousser autant de gens qu’il en rencontrait, ou voler, par delà le détroit, cette idole de Mahomet, qui était toute d’or, à ce que dit son histoire[5]. Quant au traître Ganelon[6], pour lui administrer une volée de coups de pied dans les côtes, il aurait volontiers donné sa gouvernante et même sa nièce pardessus le marché.
Finalement, ayant perdu l’esprit sans ressource, il vint à donner dans la plus étrange pensée dont jamais fou se fût avisé dans le monde. Il lui parut convenable et nécessaire, aussi bien pour l’éclat de sa gloire que pour le service de son pays, de se faire chevalier errant, de s’en aller par le monde, avec son cheval et ses armes, chercher les aventures, et de pratiquer tout ce qu’il avait lu que pratiquaient les chevaliers errants, redressant toutes sortes de torts, et s’exposant à tant de rencontres, à tant de périls, qu’il acquît, en les surmontant, une éternelle renommée. Il s’imaginait déjà, le pauvre rêveur, voir couronner la valeur de son bras au moins par l’empire de Trébizonde. Ainsi emporté par de si douces pensées et par l’ineffable attrait qu’il y trouvait, il se hâta de mettre son désir en pratique.

Miguel CERVANTES, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche,
chapitre premier, 1605, traduit par Louis VIARDOT, 1961. 

Texte 2 : Michel Foucault, Les Mots et les Choses (1966).


Don Quichotte n’est pas l’homme de l’extravagance, mais plutôt le pèlerin méticuleux qui fait étape devant toutes les marques de la similitude. Il est le héros du Même. Pas plus que de son étroite province, il ne parvient à s’éloigner de la plaine familière qui s’étale autour de l’Analogue. Indéfiniment il la parcourt, sans franchir jamais les frontières nettes de la différence, ni rejoindre le cœur de l’identité. Or, il est lui-même à la ressemblance des signes. Long graphisme maigre comme une lettre, il vient d’échapper tout droit du bâillement des livres. Tout son être n’est que langage, texte, feuillets imprimés, histoire déjà transcrite. Il est fait de mots entrecroisés ; c’est de l’écriture errant dans le monde parmi la ressemblance des choses. Pas tout à fait cependant : car en sa réalité de pauvre hidalgo, il ne peut devenir le chevalier qu’en écoutant de loin l’épopée séculaire qui formule la Loi. Le livre est moins son existence que son devoir. Sans cesse il doit le consulter afin de savoir que faire et que dire, et quels signes donner à lui-même et aux autres pour montrer qu’il est bien de même nature que le texte dont il est issu. Les romans de chevalerie ont écrit une fois pour toutes la prescription de son aventure. Et chaque épisode, chaque décision, chaque exploit seront signes que Don Quichotte est en effet semblable à tous ces signes qu’il a décalqués.
Mais s’il veut leur être semblable, c’est qu’il doit les prouver, c’est que déjà les signes (lisibles) ne sont plus à la ressemblance des êtres (visibles). Tous ces textes écrits, tous  ces romans extravagants sont justement sans pareils : nul dans le monde ne leur a jamais ressemblé ; leur langage infini reste en suspens, sans qu’aucune similitude vienne jamais le remplir ; ils peuvent brûler tout et tout entiers, la figure du monde n’en sera pas changée. En ressemblant aux textes dont il est le témoin, le représentant, le réel analogue, Don Quichotte doit fournir la démonstration et apporter la marque indubitable qu’ils disent vrai, qu’ils sont bien le langage du monde. Il lui incombe de remplir la promesse des livres. A lui de refaire l’épopée, mais en sens inverse : celle-ci racontait (prétendait raconter) des exploits réels promis à la mémoire ; Don Quichotte, lui, doit combler de réalité les signes sans contenu du récit. Son aventure sera un déchiffrement du monde : un parcours minutieux pour relever sur toute la surface de la terre des figures qui montrent que les livres disent vrai. L’exploit doit être preuve : il consiste non pas à triompher réellement – c’est pourquoi la victoire n’importe pas au fond – mais à transformer la réalité en signe. En signe que les signes du langage sont bien conformes aux choses elles-mêmes. Don Quichotte lit le monde pour démontrer les livres. Et il ne se donne d’autres preuves que le miroitement des ressemblances.
Tout son chemin est une quête aux similitudes : les moindres analogies sont sollicitées comme des signes assoupis qu’on doit réveiller pour qu’ils se mettent de nouveau à parler. Les troupeaux, les servantes, les auberges redeviennent le langage des livres dans la mesure imperceptible où ils ressemblent aux châteaux, aux dames et aux armées. Ressemblance toujours déçue qui transforme la preuve cherchée en dérision et laisse indéfiniment creuse la parole des livres. Mais la non-similitude elle-même a son modèle qu’elle imite servilement : elle le trouve dans la métamorphose des enchanteurs. Si bien que tous les indices de la non-ressemblance, tous les signes qui montrent que les textes écrits ne disent pas vrai, ressemblent à ce jeu de l’ensorcellement qui introduit par ruse la différence dans  l’indubitable de la similitude. Et puisque cette magie a été prévue et décrite dans les livres, la différence illusoire qu’elle introduit ne sera jamais qu’une similitude enchantée. Donc un signe supplémentaire que les signes ressemblent bien à la vérité.

Texte 3 : Pierre BRUNEL, « Don Quichotte » et le roman malgré lui (2006).


Pierre BRUNEL (né en 1939), professeur de littérature comparée à l’université de Paris Sorbonne, s’attache dans un essai à explorer la fortune du roman Don Quichotte, nous invitant à le considérer comme le dernier roman de chevalerie ou comme le premier roman moderne. Il montre en particulier comment s’unissent en un seul personnage les figures jusqu’alors disjointes du preux et du gueux.

J’aime cette indication étymologique que donne le dictionnaire de Littré au sujet du mot « gueux » : « origine inconnue ». Le substantif est, comme celui qu’il désigne, un pauvre hère, sans ascendance déclarée, sans attache, un mot errant, comme le gueux est condamné à aller par les routes et les chemins, à la recherche d’une douteuse subsistance, – gueux gueusant de gueuserie. […]
Entre le gueux et son contraire, le preux, toutes les catégories ont pu être créées. Cervantès représente dans Don Quichotte (1605) celui qui voudrait être preux, et la fine fleur de la noblesse : à bien des égards il n’est pourtant qu’un gueux, qui erre aussi sur les routes, famélique comme son étique[7] cheval, Rossinante. Mais il ne s’en aperçoit pas plus qu’il ne se sent dévoré par la faim. Au contraire, son prétendu « écuyer », Sancho Pança, est conscient de sa gueuserie. Il souffre terriblement d’avoir le ventre vide en dehors des bonnes occasions. Sur les routes d’Espagne, ou plutôt sur les chemins caillouteux tels que nous les laisse deviner Cervantès, d’autres silhouettes du même genre se profilent, – par exemple, dans la Seconde Partie, ce jeune homme qui marche à pied, avec un paquet de hardes rappelant pourtant la mode de la Cour : « Si j’eusse servi quelque grand d’Espagne », gémit-il auprès de Don Quichotte, « ou quelque autre personne de qualité, sans doute j’en aurais rapporté [quelque profit], et voilà ce que c’est de servir les bons maîtres. Car de l’office on sort ordinairement lieutenant ou capitaine d’une compagnie, ou bien avec quelque bonne gratification. Mais moi, malheureux que je suis, j’ai toujours servi des gueux et des vagabonds, qui nourrissent et payent si chichement leurs serviteurs, que le salaire qu’on en reçoit se consommait moitié à faire empeser un rabat[8] » (II, 212-213). […]
Tout se passe comme si un preux sommeillait en tout gueux, comme si un gueux accompagnait le preux dans l’ombre. Raymond Queneau, en 1965, recomposera systématiquement ce jeu de doubles dans son roman Les Fleurs bleues, qui s’achève sur la rencontre, et la séparation, d’un seigneur venu du temps de saint Louis et d’un pauvre bougre qui se nourrit de boîtes de conserve sur sa péniche qui lui tient lieu de maison. À beaucoup d’égards, le duc d’Auge et Cidrolin[9] prolongent et renouvellent le contrepoint du roman du preux et du gueux.
Sans doute a-t-on connu dans l’Antiquité et au Moyen Âge des ancêtres, ou plutôt des anticipations du roman : le Satiricon de Pétrone[10], avec le riche affranchi Trimalcion et des jeunes garçons plutôt interlopes, L’Âne d’or ou les Métamorphoses d’Apulée[11], « sermo Milesius », causerie milésienne, un genre moins fixé que mêlé auquel se réfère encore Cervantès dans le Quichotte, et ces innombrables romans de chevalerie, Amadis de Gaule et autres, dont, en son modeste manoir de la Manche, le pauvre hidalgo s’est farci la cervelle. Mais l’histoire du roman moderne ne commence pas avant le XVIe siècle, le Lazarillo de Tormes[12], les Cinq Livres de Rabelais, et le début du XVIIe avec Don Quichotte. Comme l’écrit Maurice Molho[13], « lorsque le picaro fait son entrée dans la littérature, la notion de « roman » est si peu présente à la pensée espagnole que la langue ne dispose même pas encore d’un mot pour la signifier. Non que les ouvrages de fiction fassent défaut à l’aube du Siècle d’or. Les Espagnols lisent d’interminables et merveilleuses histoires de chevalerie, dont ils s’engouent au moment même où l’Europe les délaisse ». Le roman naît peut-être au moment où le preux, venu de ces interminables romans de chevalerie, rencontre le personnage nouveau, le gueux. C’est cette rencontre, cet accompagnement, ces jeux de double et d’échange qui laissent fasciné, – au risque d’être pris dans le vertige créé par le miroir du roman, quand on a la surprise de trouver dans un texte de 1605-1615, le larron, le gueux double du preux que chacun d’entre nous, sans s’appeler Don Quichotte, aspire à être.
 
Honoré Daumier, Don Quichotte,
huile sur toile, 1868

Analyse


Comme Foucault ou Brunel, Marthe Robert met en lumière la dimension réflexive, spéculaire de Don Quichotte. Ils font partie des critiques qui pensent que Don Quichotte, tout en étant le premier roman moderne (justement parce qu’il est autocentré), comporte en germe les limites mêmes du genre, limites qu'il éprouverait à l'extrême en usant de multiples effets de spécularité et de profondeur. Le Quichotte correspondrait ainsi à un acte de naissance annonçant sa propre mort : il s'agirait d'un manifeste dialectisant l'éternel problème de l'imaginaire et de la vie et qui avertirait l'homme de cette insoluble préoccupation. Au tome II du Quichotte, le bachelier Carrasco apporte à Don Quichotte lui-même le tome I qui vient d'être édité.
L’écrivain argentin Juan José Saer imagine que, puisque Don Quichotte confond sa vie avec celle des chevaliers médiévaux, il devient le personnage garant d'une critique faite au roman moderne avant même que le roman moderne n'existe. A la même époque d'ailleurs, il est à noter que Shakespeare use d'un procédé semblable lors de la scène du meurtre rejoué dans Hamlet. Flaubert présente lui aussi un personnage, Emma Bovary, en proie à un incessant mélange de ce qu'elle vit et de ce qu'elle lit. On parle de bovarysme pour désigner cette attitude qui consiste à vivre dans l'imaginaire, dans un monde romanesque parallèle (ce déni faisant primer le principe de plaisir sur celui de la réalité est détaillé par Freud dans Le Roman familial des névrosés, 1909). Le plus saisissant dans ces œuvres littéraires, c'est qu'elles démontrent elles-mêmes, comme art appliqué, la complexité de cette confusion éternelle du visible et du lisible, ajoutant un niveau de profondeur supplémentaire (cf. Foucault, Les Mots et les Choses).
A ce titre, cette littérature qui se sert de ses propres possibilités pour détruire tout « effet de réel » (Barthes) peut être jugée autophagique, antiphrastique, ironique (c'est une des thèses de Bakhtine). Chez Sartre, dans La Nausée, Roquentin démêle son réel absurde d'avec la littérature et renie même qu'il ait pu vivre des événements dans sa vie : « Les aventures sont dans les livres », ce qui constitue finalement une formidable provocation, voire une raillerie insolente à l'égard du lecteur puisque Roquentin n'est finalement qu'une figure littéraire, ou pour reprendre l'expression de Paul Valéry évoquant les personnages romanesques, un « être de papier » (Variétés). Cette mise à distance de l'artifice littéraire constitué par un personnage que l'on feint de croire réel ou non littéraire, au sein même d'un texte de roman, est déjà présente dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos où Danceny est nommé le « beau héros de Roman » par Valmont : « Enfin je le sais par cœur, ce beau héros de Roman ! [...] Je lui ai tant dit que l’amour honnête était le bien suprême, qu'un sentiment valait mieux que dix intrigues, que j’étais moi-même, dans ce moment, amoureux et timide. » (Lettre LVII, de Valmont à la Marquise de Merteuil). 

Notion : Le roman picaresque :

« Type de roman apparu en Espagne avec la publication anonyme du Lazarillo de Tormes (1554), où le narrateur raconte à la première personne ses nombreuses aventures sans souci de les relier. Au sens étroit, le picaro désigne un gueux, mais l’on nomme romans picaresques les œuvres construites sur une suite d’épisodes plus ou moins liés ; le héros, habile à se tirer d’embarras, rusé et sans scrupules, y mène, à la marge de la société, une vie d’aventurier où le hasard joue son rôle. Bien que le protagoniste soit un gentilhomme, l’Histoire comique de Francion (1623), due à Charles Sorel, est proche du picaresque par l’enchaînement varié de ses nombreux épisodes. Mais c’est surtout Lesage qui, avec son Gil Blas de Santillane (1715-1735), offre la meilleure illustration du genre : le héros-éponyme, déraciné et profiteur, y raconte avec détachement ses aventures espagnoles, les bonnes et les mauvaises fortunes que le destin tour à tour lui ménage. » (Michel Jarrety, Lexique des termes littéraires)


A découvrir: Don Quichotte, une bande dessinée de Rob Davis,
fidèle au texte de Cervantès, un vrai régal!





[1] Héros du Cantar de mio Cid, figure épique centrale en Espagne, dont le modèle historique est un chevalier du XIe siècle, appelé sidi (Seigneur) par les Arabes et Campeador par les Espagnols, d’où son nom de Cid Campeador. C’est ce héros qui est également représenté dans la pièce de Corneille, Le Cid.
[2] Héros castillan du IXe siècle, vainqueur de Roland.
[3] Héros du roman de chevalerie, Morgant le géant (1460-1470). Converti par Roland à la foi chrétienne, il devient son écuyer.
[4] Personnage de la chanson de geste éponyme (XIIIe siècle), également connue sous le titre des Quatre fils Aymon. Il devient un héros très populaire en Espagne.
[5] « Ô bastard ! répliqua Renaud à Roland, qui lui reprochait ses vols, ô fils de méchante femelle! tu mens en tout ce que tu as dit; car voler les païens d’Espagne ce n’est pas voler. Et moi seul, en dépit de quarante mille Mores et plus, je leur ai pris un Mahomet d’or, dont j’avais besoin pour payer mes soldats. » (Miroir de chevalerie, partie I, chap. XLVI.)
[6] Ou Galadon, l’un des douze pairs de Charlemagne, surnommé le Traître, pour avoir livré l’armée chrétienne aux Sarrasins, dans la gorge de Roncevaux. Personnage de traître de La Chanson de Roland.
[7] D’une maigreur extrême.
[8] Grand col rabattu, retombant sur la poitrine et tenant lieu de cravate.
[9] Personnages principaux des Fleurs bleues de Raymond Queneau.
[10] Ecrivain latin du Ier siècle après Jésus-Christ, auteur du roman le Satiricon (vers 60).
[11] Ecrivain latin (v.125-v.200).
[12] Roman espagnol paru anonymement en 1554 à Burgos et considéré comme le premier roman picaresque.
[13] Auteur d’une introduction aux Romans picaresques espagnols, 1968.

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